Suicide : tout faire pour l’éviter Suicide : tout faire pour l’éviter
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C’est un sujet longtemps resté tabou, dont on n’aime pas parler dans les campagnes : le suicide d’agriculteurs. Cette réalité aux causes multiples fait désormais l’objet de deux rapports officiels, l’un de l’Assemblée nationale, l’autre du Sénat. Ces documents, qui sont sur la table du ministre de l’Agriculture, contiennent de nombreuses propositions pour améliorer le repérage précoce des paysans en difficulté, mieux les aider à s’en sortir et éviter ainsi qu’un jour ils ne passent à l’acte. C’est maintenant à Julien Denormandie de s’en saisir pour alimenter le plan d’action qu’il devrait finaliser à la fin du premier semestre. Car comparés au reste de la population, les agriculteurs connaissent une surmortalité par suicide.
Dans les départements, des dispositifs d’écoute, de prévention et d’accompagnement mis en place par différents organismes ou l’État permettent d’aider les paysans sujets au mal-être. Mais encore faut-il les connaître pour savoir à qui s’adresser, et éviter ainsi que la situation ne s’aggrave. Pour des personnes qui tendent à se renfermer et à s’isoler, ou pour leur entourage, cela est essentiel. Or, bien souvent, aucun site ou document facilement accessibles ne recensent les structures à contacter, ou les mesures dont pourrait bénéficier un exploitant en proie à des difficultés. Des éléments également utiles aux « sentinelles », c’est-à-dire tous ceux qui côtoient régulièrement les agriculteurs (conseillers, vétérinaires, élus…) et peuvent faire un signalement après avoir détecté des signes précurseurs de détresse. Une meilleure communication est donc nécessaire. De même, les cellules préfectorales devraient être déployées partout et jouer davantage un rôle de coordination des acteurs de la prévention et de l’accompagnement au niveau départemental.
Diverses raisons amenent un paysan à tenter de mettre fin à ses jours, qu’elles soient d’ordre personnel, familial ou professionnel. Néanmoins, les difficultés économiques connues par nombre d’entre eux sont une cause importante de détresse. Et sur ce plan, les prix bas, qui ne rémunèrent plus un lourd travail, et les réformes régulières de la Pac ont leur part de responsabilité dans les suicides d’agriculteurs, « dégâts collatéraux » des politiques publiques.
Assurer des prix rémunérateurs serait déjà important, même si cela ne règle pas tout. Certains dispositifs d’accompagnement ou des mesures de soutien comme la prise en charge de cotisations sociales, le crédit d’impôt pour remplacement ou l’aide au répit en cas d’épuisement pourraient être améliorés ou pérennisés, quitte à augmenter les budgets.
Mais dans tous les cas, les personnes concernées doivent être traitées avec humanité et dans le respect de la confidentialité, car cela est essentiel pour eux et leur famille.
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